22/1/2025
Il a environ une heure devant lui lorsqu’il nous reçoit dans son cabinet de la clinquante Clinique Générale-Beaulieu. Grosso modo jusqu’à 17 h. Mais Mathieu Chevallier sera loin d’avoir terminé sa journée. Après deux visites de patients à domicile, l’oncologue assistera, comme tous les mardis, au «tumeur board», colloque multidisciplinaire où tous les cas sont étudiés par les professionnels du centre médical.
Son agenda est millimétré. Les mardis, c’est donc colloque hebdomadaire. Mais le jeudi, ce sont les réunions d’organisation du Paléo Festival. Car le médecin cumule les casquettes. Âgé de 37 ans, papa de deux jeunes enfants, il est également responsable de la scène «Belleville» du festival nyonnais et coorganisateur du Salon du vélo de Genève. De quoi occuper des semaines bien remplies.
Voilà bientôt un an que le Genevois travaille à la Clinique Générale-Beaulieu. Pourtant, la médecine n’a pas toujours été une évidence. «Mes parents étaient plutôt branchés homéopathie. Je crois que le déclic m’est venu quand mon père m’a dit «Tu ne vas quand même pas faire médecine!» se souvient-il en riant.
Mais en 2005, après sa maturité en sciences, Mathieu rate les inscriptions à la Faculté de médecine et rejoint donc l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). «En parallèle, je travaillais aux Docks, à Lausanne. C’était les débuts de la salle de concert. J’ai fini l’année scolaire bon dernier, mais j’adorais bosser là-bas.»
Dans sa famille, la passion des concerts est contagieuse. À côté de son activité d’ostéopathe, son père œuvre notamment comme directeur technique du Paléo. «Nos vacances d’été se sont toujours organisées autour des dates du festival, sourit-il. Je crois que je n’ai raté qu’une édition, en 1996, l’année où Johnny s’est produit sur la Grande Scène et qu’il a dit «Bonsoir Genève!»
Très vite, le gamin originaire de Versoix trouve des petits jobs au Paléo. Il distribue les programmes à l’entrée, aide au merchandising puis à la technique. Avant de se découvrir une passion pour le son. «J’ai travaillé durant huit ans pour la scène «Le Chapiteau», puis on m’a confié la responsabilité de celle du «Détour», détaille-t-il. Jusqu’en 2022, où le festival décide de se renouveler avec deux nouvelles scènes. Il participe à la création de «Belleville», destinée aux artistes électro et DJ, et en devient le responsable.
En 2006, pris par sa passion pour la musique, il manque une fois encore les inscriptions en médecine. Et travaille durant un an aux Docks, ainsi que dans un EMS. «Je ne voulais pas faire carrière dans les concerts, notamment à cause des horaires pénibles… Remarquez, je n’ai pas gagné avec la médecine», rit-il.
L’année 2007 sera la bonne. Durant sa première année de médecine, qu’il trouve relativement «facile» après son passage à l’EPFL, il se rend aux Saturnales, soirée incontournable de la Faculté. Sa passion des concerts le rattrape et il ambitionne, déjà, d’organiser une édition à l’Arena. Il y parviendra deux ans après, réussissant même à faire venir le groupe de DJ C2C.
En deuxième année, il rencontre Chloé, qui deviendra sa femme. «Je suis clairement passé en troisième grâce à elle. On révisait ensemble et elle levait les yeux au ciel chaque fois que je me trompais… c’est-à-dire tout le temps!»
Mathieu obtient son diplôme de médecin en 2013. Durant toutes ses années d’études, il continue de mettre sur pied des concerts, aux Saturnales, dans le comité d’organisation de la fête estudiantine Uni-Party, mais aussi à la Fête de l’Espoir, au Bout-du-Monde. Avec deux copains, il monte même une association pour divers événements.
«Un jour, nous avons été contactés par Joël Vellas, fondateur du magasin Bike Sold. Il souhaitait rassembler toutes les boutiques de vélos dans un salon. Il avait le carnet d’adresses et les idées, nous les compétences. Nous l’avons donc aidé à concrétiser ça.»
La première édition a lieu au Bout-du-Monde, en 2019. Et, il y a deux ans, le Salon du vélo rejoint les Automnales, à Palexpo.
S’il a longtemps voulu se spécialiser dans la médecine humanitaire, il réalise que les personnes dans le besoin ne sont pas toujours très loin. «J’ai donc continué en médecine générale, où j’ai été en contact avec beaucoup de patients souffrant de cancers. De rencontres en rencontres, j’ai finalement obtenu un poste en oncologie et je me suis formé aux Hôpitaux universitaires de Genève.»